Centenaire du monument aux morts

Chronologie inauguration

Mézières-Lez-Cléry  5 décembre 1920 (Transcription d’un document brouillon manuscrit dans les archives de La Mairie de Mézières-Lez-Cléry)

L’inauguration du premier Monument élevé, dans le canton de Cléry, à la mémoire des soldats  « Morts pour la France » avait attiré dès dimanche matin une affluence considérable dans notre petite Commune.

Dès 9 heures un cortège se formait devant la Mairie toute pavoisée d’écussons et de drapeau et la majeure partie des autorités et des Sociétés invitées par la Municipalité se rendaient avec celle-ci à l’Eglise, escortées par les « Volontaires de Mézières » au Drapeau cravaté de crêpe pour assister au service célébré sur la demande du Groupement Cantonal de « l’union des Combattants du Loiret » à la mémoire de leurs trente  camarades de guerre, enfants de la Commune, « Morts pour la France ».

Dans l’Eglise, si artistique, et élégamment décorée de guirlandes de lierre et de drapeaux autour du catafalque, voilé d’un drapeau et couvert de palmes naturelles, prenaient place comme une garde d’honneur, les Pompiers « Volontaires de Mézières » et les drapeaux des Sociétés présentes. Dans le chœur,  en face des autorités des municipalités du canton les « Pupilles de la Nation » et les familles des Combattants tombés au champ d’honneur entouraient la plaque de marbre encadrée de palmes naturelles qui porte leurs noms. Et devant une foule emplissant complètement l’Eglise au cours du Service célébré par M. l’abbé Millet Curé Doyen de Notre Dame de Cléry M. l’abbé Belouet curé de Mézières montant en chaire appelait à haute voix les noms de ceux pour lesquels leurs camarades vinrent demander des prières et prononçait un remarquable discours exaltant les vertus héroïques des combattants au cours de ces longues années de souffrances et montrant à leurs familles quelles consolations la foi chrétienne peut donner dans la certitude des récompenses célestes. La belle cantate de M. l’Abbé Laurent « Gloire à vous,  Martyrs de la France » fût ensuite exécutée  par les jeunes filles de la Commune et les membres de « l’Union Musicale de Cléry ».

Après l’absoute donnée par M. le Curé de Mézières le cortège retournait vers la Mairie sans cesse grossi de nouveaux arrivants,  pour y recevoir les autorités et y former le cortège officiel qui se rendit au cimetière, dans l’ordre suivant : « Union Musicale », sociétés de secours mutuel de Cléry, « l’Amitié » et « l’Espérance » de Mareau-aux-Prés. « Les vétérans des armées de terre et de mer » de Cléry,  le Groupement de « l’Union des Combattants » du Canton de Cléry » ayant à sa tête M. le Lieutenant de Vial décoré de la Croix de Guerre,  la Section des « Mutilés de Cléry »la « Société de tir de Mézières » les Membres honoraires des « Volontaires de Mézières » le Drapeau des « Volontaires » précédant les « Pupilles de la Nation » encadrés par les enfants des écoles portant des branches de laurier cravatées de rubans tricolores, les familles des « Morts pour la France », enfin les autorités en tête desquelles le Capitaine représentant M. le Général Commandant le 5è Corps. M. de Tristan conseiller d’arrondissement. 

Mme Lenormant secrétaire Général,  Bizot et Croissandeau délégués du « Souvenir Français » M. Perdoux, Président de « l’ Union des Combattants du Loiret »,  M. Mme Jouanneau et Tabareau, ancien combattant, auteur du Monument, M. Mme ??.enneau Maire de Cléry, Gravier, maire de Mareau, des délégués des municipalités de Dry et de Jouy retenus par des fêtes locales, enfin le Conseil Municipal de Mézières ayant à sa tête le commandant honoraire de Larnage, maire et Conseiller Général. Toute cette partie du cortège étant escortée  par la Compagnie des « Volontaires de Mézières » commandée par le Lieutenant de réserve de Larnage, Chevalier de la Légion d’honneur Croix de Guerre.

Dans le Cimetière nouvellement agrandi par un hémicycle entièrement orné de guirlandes et de drapeaux  le monument s’érigeait drapé d’un voile tricolore sur un tertre gazonné, planté d’arbustes verts. 

Il fut découvert par M. Jouanneau à la sonnerie « aux champs » et salué par l’hymne national, puis béni par M . le Curé de Mézières.

C’est une pyramide en granit de Bretagne, montée sur 3 assises de même matière et surmontée d’une croix de guerre taillée en plein granit et portant les deux épées en bronze. Le granit n’est poli que sur la face antérieure de la pyramide et du socle qui portent la première, les trente noms en lettres d’or des « Morts pour la France » et le second une palme d’or croisée sur un drapeau tricolore et cette simple inscription : à la mémoire des enfants de Mézières Morts pour la France 1914-1918.

Le Maire de Mézières prit alors la parole pour remettre le monument « non pas à la génération présente ni même aux enfants des chers Morts « Pupilles de la Nation » et trop proches de cette guerre, sans exemple dans le Monde, pour ne pas se souvenir que c’est avec leur sang que fût écrite cette grande page d’Histoire où la France a recouvré l’intégralité de son territoire avec son Alsace et sa Lorraine, mais aux générations futures auxquelles ils sauront le transmettre pieusement comme le plus précieux héritage de gloire ». Il exalta ensuite l’héroïsme des combattants, s’inclina devant les douloureux sacrifices qu’ont dû consentir les familles de ces 30 enfants de Mézières qu’il avait vu naître pour la plupart pendant ses 35 années de mairie et qu’il a lui-même ressenti profondément. Puis adressant un vibrant appel à l’Union de tous, dans le souvenir de nos morts qui la rende  plus sacrée que jamais, il adressa sa respectueuse gratitude aux représentants  du gouvernement, de l’armée, du Clergé pour leur accueil ou leur participation à l’œuvre de commémoration entreprise par la Commune.

Il remercia chaleureusement l’Union des Combattants, les Sociétés  de secours mutuels « l’Amitié » et « l’Espérance » de Mareau, les « Volontaires » et la Société de tir de Mézières,  des magnifiques couronnes et palme de bronze déposées en hommage à leurs camarades et toutes les  sociétés qui avaient tenu à se joindre à elles.

Il termina en les invitant à aller saluer avant de quitter le Cimetière, la tombe ornée de fleurs, de verdure et de drapeaux du Caporal Parard du 131è RI,  le premier enfant de la Commune qui ait pu venir reposer dans la terre sacrée de la Petite Patrie.

Le distingué secrétaire Général du Souvenir Français M. Lenormand prononça ensuite un discours plein d’élévation dans lequel il sût placer à côté de tous les motifs de la douleur infligés à leurs familles par les longues souffrances endurées par les combattants, les motifs d’orgueil qu’elles doivent rencontrer dans leur héroïque sacrifice et tirer les leçons que se dégagent de cette guerre sans précédent

Un chœur de jeunes filles et de jeunes gens fit entendre alors la belle cantate « Gloire aux Martyrs de la France » pendant l’exécution de laquelle « pupilles de la nation » enfants des écoles, « Combattants » et sociétés de secours mutuel ,  vinrent déposer au pied du monument leurs palmes et leurs couronnes. Puis le cortège se reformant alla saluer au passage la tombe du Caporal Parard et regagna la Maison Commune.

Là devant les sociétés formées en carré et après le salut au Drapeau le Maire faisant pénétrer dans la Mairie les autorités et des délégations des sociétés remit aux familles des « Morts pour la France » les diplômes commémoratifs offerts par « l’Union des Grandes Associations » pendant que les « Pupilles » et les enfants des écoles sous la direction de leurs excellents instituteurs et institutrice faisaient entendre une cantate de Boucher après une brève allocution du Maire, montrant le sens des cérémonies de ce jour, on procéda dans la cour des écoles à la plantation des  deux arbres commémoratifs par les enfants des écoles aux accents de la Marseillaise et pendant que les invités de la Commune se rendaient au « Vin d’honneur » les autorités allaient visiter les 16 pupilles de la Nation invités à une collation dans la salle d’une des écoles.

Un  banquet offert  aux autorités et pendant lequel l’excellente fanfare de l »l’Union musicale » se fit entendre et où des toasts cordiaux furent échangés entre la municipalité et ses invités termina cette fête commémorative dont  les assistants se séparèrent après avoir salué une dernière fois de l’hymne national ces « enfants de Mézières » dont la mémoire sera fidèlement gardée.